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Top séries de mai 2020

Ce mois de mai 2020, 6 séries sont sorties du lot. Elles sont pour la plupart disponibles sur différentes plateformes (Netflix, MyCanal, OCS…). Voici donc le top séries de mai 2020 en vidéo (transcript ci-dessous)

Transcript :

Numéro 6 : Hollywood (Netflix)

2 mots : Ryan Murphy. L’un des plus grands showrunners d’aujourd’hui.

Dans cette minisérie qui se situe dans les années 40, Hollywood netflix raconte l’histoire d’hommes et de femmes issus des minorités qui souhaitent percer dans un Hollywood conservateur. Ensemble, ils vont produire Meg, un film révolutionnaire, en dépit de tous les obstacles.

Cela fait quelques années, mais Ryan Murphy devient de plus en plus tendre. Il a quand même commencé par Nip/Tuck soit l’une des séries médicales les plus bourrins. Récemment, il a fait Pose et The Politician, deux séries très pop, très colorées, même si côté charge politique, ça reste cinglant. Mais Hollywood, c’est une rupture dans le style de Ryan Murphy. Parce que non seulement, il ose le feel-good, mais en plus, il réécrit l’histoire.

Pour un monde discriminant, la réponse de Hollywood netflix est : donner une voix aux minorités. En effet, d’après plusieurs études scientifiques, notamment celle de Gomillion-Giuliano, avaient prouvé que la représentation médiatique des minorités influençait directement la vie personnelle et sociale des minorités dans le monde réel.

Voilà pourquoi Murphy réécrit l’histoire. Dans Hollywood, il veut proposer un récit où non seulement les minorités sont dans l’action, mais en plus dans un milieu et une époque où ils et elles n’avaient pas voix au chapître. La 1re scène de Hollywood Netflix présente un rêve américain réservé aux blancs cis hétéros bourgeois qui n’est pas sans rappeler celui dénoncé dans la série Self-Made. Hollywood Netflix mobilise tout : une photo brillante, une mise en scène très ample, digne des grands technicolors et un récit choral.

Après, il y a quelques défauts. Le dernier épisode n’a quasiment aucune action. Les personnages, très bons, ne sont pas dérangeants côté actions militantes. On sent que ça veut pas faire trop de vagues. Heureusement, le message d’Hollywood netflix reste très fort. Il mérite largement d’être dans ce top séries.

Numéro 5 : Run sur OCS

Run raconte l’histoire de Ruby, mariée, deux enfants, qui un jour reçoit un texto de Billy, un ex qu’elle n’a pas vu depuis 15 ans. Un seul mot : Run. “Cours”. Aussitôt, Ruby plaque mari, enfants et travail pour rejoindre Billy. Ensemble, ils vont voyager à travers les États-Unis. Mais Ruby ignore que Billy lui cache pas mal de secrets.

Run, c’est clairement une série qui demande une grosse grosse suspension d’incrédulité. Parce que le pitch n’est pas crédible, et ne cherche pas à l’être. Vicky Jones, la créatrice, s’inspire des premiers Hitchcock. Comme dans Jeune et Innocent, où un garçon et une fille s’embarquent dans une chevauchée romantique et policière. Tandis que le côté totalement improbable des aventures avec de la grosse tension sexuelle qui tâche, renvoie aux 39 marches, l’un des thrillers les plus dingos d’Hitchcock.

Run, c’est un thriller, mais un thriller qui déborde de sexe. Ça se concentre surtout sur le flirt, la complicité, l’attente. Un point fort de Run est qu’elle a une tension sexuelle de malade. Vu que c’est produit par Phoebe Waller-Bridge, et qu’elle joue même dedans, on voudra comparer Run avec ses séries à elle qui jouent aussi pas mal sur la tension sexuelle : Crashing, Fleabag et surtout Killing Eve. Mais chez Waller-Bridge, la sexualité est chaotique, désordonnée. Dans Run, elle est joyeuse.

Run concentre tous les fantasmes qu’on a eu un jour : flirter avec ce ou cette belle inconnue, une femme fatale qui nous poursuit, ce train symbole d’évasion d’un quotidien devenu prison. Run, c’est une évasion, et ça marche… pendant 4 épisodes. A partir de l’épisode 5 de Run, on passe du thriller comique et sexy au thriller tout court. Ça se prend au sérieux, et on s’emmerde un peu. Nos héros ne sont plus dans le côté comique et sexy, maintenant dévolu aux personnages secondaires : une policière et une taxidermiste, d’ailleurs jouée par Phoebe Waller-Bridge.

Malgré ça, Run mérite d’être dans ce top séries. Je pense que Vicki Jones va frapper très fort dans les années qui vont suivre. Run a 7 épisodes de 30 minutes, elle est disponible sur OCS.

Numéro 4 : Mrs. America, sur MyCanal et en streaming

On continue ce top séries avec Mrs. America.

Dans les années 70 de Mrs America, les féministes américaines, menées notamment par Gloria Steinem et Shirley Cisholm, tentent d’imposer l’ERA ou l’Equal Rights Amendment, qui garantirait dans la constitution l’Égalité des droits entre hommes et femmes. Mais elles n’ont pas prévu la contre-attaque menée par Phyllis Schafly, représentante des femmes au foyer ultraconservatrices qui y voient une menace pour leur condition. Leur bataille va déchirer les États-Unis.

Dans Mrs America, Schafly permet à Dahvi Waller de dérouler une thèse intéressante : le discours réac et antiféministe des années 70 est mot pour mot le même qu’aujourd’hui. L’argument massue est « l’argument naturel » : c’est dans la nature des femmes d’être au foyer, de prendre soin de leurs hommes, etc. Bref, des qualités soi-disant féminines qui accumulées donnent une série comme Desperate Housewives, avec ces 4 femmes qui s’épuisent à performer une identité féminine inventée de toutes pièces.

Et pourtant, Schafly est bien plus complexe. Parce que bizarrement, c’est une antiféministe qui se comportait comme une féministe. Elle a fait une carrière pro, était plutôt indépendante de son mari, a formé des femmes à des métiers soi-disant d’homme… La série est un fabuleux cours d’histoire, même si on peut trouver parfois Mrs America un peu trop scolaire. Sur un sujet voisin, les droits civiques des noirs, on pourra préférer I’ll fly away, magnifique série showrunnée par David Chase, le créateur des Sopranos, si, si.

Mais ce qui est fascinant dans Mrs. America, c’est la reconstitution des débats féministes de l’époque. Et là, on est dans A la maison blanche, dans Borgen, dans les plus grandes séries politiques. Comme le patriarcat était encore plus fort à l’époque, le combat féministe des 70’s devait marcher par compromis.

« Alors, on va mettre les noirs dans les combats, mais on laisse tomber les lesbiennes ». « On a trouvé un homme qui va voter pour l’ERA et qui noue est utile, mais faut que tu laisses tomber l’avortement, donc tu peux y aller mollo là-dessus ? » Voilà quelques dialogues de Mrs America. A la fin de Mrs. America, les seuls gagnants, ce sont les mecs, qui se sont joué à la fois des féministes mais aussi de leurs alliées conservatrices. Mais les féministes des 70’s ont allumé un feu et les avancées sociales que les femmes gagneront plus tard n’auraient pu se faire sans eux. Mrs America est un exaltant hymne à la sororité au militantisme, et à l’intersectionnalité. Mrs America a 9 épisodes de 50 minutes. C’est dispo sur MyCanal ou en streaming. Foncez, c’est un cours d’histoire passionnant.

Numéro 3 : Into the Night sur Netflix

On entre dans le podium de ce top séries.

Into the Night se déroule pendant une nuit de cauchemar. Terenzio, un soldat de l’OTAN, prend en otage un avion belge : le soleil est devenu mortel, d’ailleurs tout le monde en Asie est déjà mort. Une seule solution pour l’équipage : voler vers l’Ouest, sans arrêt, pour éviter la mort, et trouver un bunker secret où s’abriter. Mais dans cette ambiance de fin du monde, tout le monde est chauffé à blanc…

Into the Night brille par sa nuance. D’habitude, les récits post-apo sont très pessimistes sur l’humanité, mais Into the Night ne l’est pas tant que ça. Into the Night s’inspire ouvertement du Soleil de Minuit, incroyable épisode de La Quatrième Dimension, où le soleil est devenu aussi source de mort pour la Terre. Bilan des courses : une humanité à la ramasse, et un saut dans l’imaginaire sans issue.

Alors, oui, on retrouve l’égoïsme, la loi du plus fort, la lâcheté dans Into the Night. Mais rapidement la série prend un tour plus subtil. Malgré la situation, y a quand même beaucoup de liens positifs qui émergent. Un homme qui pardonne à quelqu’un qui l’a blessé, une mère qui protège son enfant, un terroriste plus humain qu’il ne veut l’avouer… Surtout, Into the night est intense de la 1re à la dernière minute.

Toute l’action d’Into the Night se déroule dans un lieu, un engin de transport avec des habitants en tous genres. On retrouve là les ingrédients du terrifiant Midnight de Doctor Who, qui signait là l’un de ses opus les plus sombres. On y retrouve d’ailleurs la même ambiance nocturne permanente qui provoque le malaise.

C’est violent, c’est intense, Into the Night, le diamant sombre de ce top séries, nous propose 6 épisodes sur Netflix. Tout comme La Quatrième Dimension, elle nous propose un voyage au bout des ténèbres.

Numéro 2 : Zoey et son incroyable playlist, sur MyCanal et en streaming

Vous aimez les comédies musicales qui mélangent feel-good et drama comme il faut ? Ne cherchez plus, Zoey’s Extraordinary Playlist est la série qu’il vous faut. Le pitch est farfelu : Zoey Clarke, jeune informaticienne californienne, passe un jour un IRM, mais un tremblement de terre en pleine opération fait qu’elle se retrouve avec tout le catalogue Spotify dans la tête.

En fait, Zoey c’est Chuck, mais avec une bonne BO.

Effet inattendu, elle entend les pensées des gens sous forme de chansons. Alors qu’elle fait face à la maladie dégénérative de son père, elle se sert de son don pour lire dans le cœur de son entourage et l’aider.

Le pitch est à coucher dehors, la romcom promet d’être très sucrée. Et pourtant la série est géniale.

Alors, on reconnaît plein d’influences dans la série d’Austin Winsberg : l’épisode musical de Scrubs, avec cette patiente qui voit et entend tout sous forme de comédie musicale. Le don surnaturel pour aider son prochain, mais qui fait voler en éclat la vie et la santé mentale de l’héroïne, reprend Wonderfalls, bijou éphémère de Bryan Fuller. Tandis que les reprises de chansons originales et le flirt de l’héroïne avec la dépression rattachent Zoey à The Singing Detective (1986), soit la meilleure série musicale de tous les temps.

Ce qui est original pour un musical comme Zoey’s Extraordinary Playlist, c’est que c’est une étude sur la dépression. Tous les personnages sont dépressifs. Et plus ils sont dépressifs, plus les chansons sont gaies, comme pour nier leur douleur. D’ailleurs, la BO brillante, la photo colorée, la réalisation en plans-séquences, orientent la série vers Ally McBeal, série feel-good aux personnages souvent dépressifs. Pourtant, plus Zoey’s Extraordinary Playlist avance, plus le côté drama prend de l’ampleur. Contrairement à Run où c’était mal dosé, Zoey et son incroyable playlist prend son temps. A la fin de la saison, on aime tous les personnages, on rit avec eux, on pleure avec eux, jusqu’à ce plan-séquence final de 6 minutes, superbe tour de force.

Foncez voir Zoey et son incroyable playlist sur MyCanal ou en streaming. Ce bijou lumineux de ce top séries a 12 épisodes de 42 minutes. Et franchement, on en voudrait d’autres des séries comme ça.

Et mon coup de coeur du mois : Solar Opposites en streaming.

Est-ce que vous saviez que les créateurs de Rick & Morty venaient de faire une autre série ? Et c’est tout aussi dingue.

A cause d’un cataclysme, les Shlorps ont dû fuir leur planète natale en catastrophe. 4 d’entre eux, Korvo, Terry et 2 enfants : Jesse et Yumyulack s’enfuient dans un vaisseau en compagnie d’une mystérieuse créature, un Pupa. Ils s’écrasent sur Terre et en attendant de réparer leur vaisseau, doivent cohabiter avec les humains qui ne les aiment pas trop. Ensemble, le quatuor sème le bordel à divers degrés, tout en préparant une mission secrète.

La série a été co-créée par Justin Roiland, co-créateur de Rick & Morty, et Mike McMahan, showrunner de l’actuelle saison 4 de Rick & Morty. En effet, Solar Opposites, c’est la version plus optimiste de Rick & Morty, avec un regard plus joyeux sur l’humanité. Mais rassurez-vous, ça reste politiquement incorrect, super gore et totalement délirant. On retrouve les qualités de Rick & Morty, mais avec une originalité. Solar Opposites veut chercher à comprendre l’humanité, cette énigme vivante que sont les humains. Là où Rick & Morty a baissé les bras depuis bien longtemps même si elle s’en amuse.

Solar Opposites est souvent à l’égal de Rick & Morty, voire la dépasse. Je pense à l’épisode 7 qui aurait fait merveille dans Rick & Morty. Si vous aimez Rick & Morty, vous adorerez Solar Opposites. On est dans le top du top séries avec cette série animée totalement dingue. Solar Opposites a 8 épisodes de 20 minutes. C’est disponible en streaming. Vous pouvez la binger, vous ne le regretterez pas.

Clément Diaz
Docteur en binge-watching. Je parle séries comme je respire. De I Love Lucy à Twilight Zone en passant par Le Prisonnier et Kaamelott, je regarde, j'analyse, je critique, je décortique. Parfois, je dors.
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