LA CASA DE PAPEL, SAISON 3 : SI TU VAS À RIO…
Rio n’est plus en Espagne
Nous avions quitté notre bande de braqueurs préférés en fin de saison 2, sortis de justesse de La casa de papel qu’est la Maison de la Monnaie. Du fric plein les poches, chantant à tue-tête « Bella Ciao », c’était – malgré leurs pertes – une franche victoire. Deux ans après, les survivants coulent tous des jours de luxe, calme et volupté. Mais Rio est repéré par Interpol, capturé, et torturé dans un endroit secret. Tokyo, qui a échappé de peu à la police, contacte le Professeur qui regroupe toute la bande en place.
Le Professeur fait part de son plan pour délivrer Rio : infiltrer La casa de papel n° 2, la Banque d’Espagne ! En effet, de là, ils pourront négocier la libération de Rio. Soit un casse aussi cinglé que celui de la Maison de la Monnaie. Mais ce plan se heurte à deux écueils. D’abord, le plan n’est pas du Professeur mais de Berlin, donc peut-être pas aussi fiable. Surtout, la bande va se heurter à l’impitoyable inspectrice Alicia Sierra, qui a la désagréable d’habitude de ne pas suivre les protocoles. Traduction : elle ne reculera devant rien pour attraper nos héros.
Après sa conclusion en saison 2, La casa de papel ne semblait pas appeler de suite. Le créateur Alex Pina n’avait d’ailleurs pas prévu d’aller au-delà des 15 premiers épisodes. Pressé par Netflix de surfer sur son propre succès, Pina et ses scénaristes ont donc planché sur un deuxième casse. Les 8 épisodes de cette saison 3 constituent la première partie de ce nouvel affrontement.
Une méchante de premier choix
L’effet de surprise passé, on constate que Pina parvient à modifier subtilement l’ADN des premières saisons pour éviter une redite totale. Alors que le suspense du 1er casse reposait sur la solidité (ou non) du plan d’El Professor, le 2e casse repose sur l’affrontement de fer et de feu entre la bande et la diabolique Alicia. Cette 3e saison prend alors des allures de Death Note. En effet, le duel stratégique entre Le Professeur et Alicia, où chacun rend coup pour coup, n’est pas sans faire penser au duel entre Light et ses nemesis. D’ailleurs, la diversion imaginée par Berlin dans le 1er épisode est une reprise de la diversion de N dans l’épisode 31 du fabuleux anime.
Lorsqu’Alicia n’est pas là, La casa de papel retombe dans la répétition mécanique de son histoire précédente (otages masqués, luttes de pouvoir internes…). C’est particulièrement flagrant dans les épisodes 3, 4 et 5. A partir de l’épisode 6, et la reprise d’initiative d’Alicia, la casa de papel propose enfin des moments inédits. Najwa Nimri est la révélation de cette saison. Elle retrouve dans Sierra bien des traits de la sanguine Zulema, qu’elle interprète dans Derrière les barreaux, l’autre grande série d’Alex Pina. Sa ruse finale, menant au terrible cliffhanger du dernier épisode, se montre d’une cruelle intelligence. Elle l’établit en tant que Big Bad la plus attendue des prochains mois !
Scènes-chocs et délayages
Tokyo demeure bien la narratrice, mais on assiste à une montée en puissance de Nairobi. Plus enflammée et féministe que jamais, elle est le moteur de la bande. Le Professeur, épaulé pourtant par Raquel, fait face à un plan qu’il n’a pas créé et qu’il se contente d’exécuter. Loin du sang-froid à toute épreuve du casse précédent, il se montre plus friable. Le scénario ne manque pas de scènes-chocs (la chambre forte inondée, le twist des valises rouges…). Dommage qu’il délaye souvent entre deux révélations.
Malgré des redites, une malice d’écriture et un opposant de choix hissent la saison 3 de La casa de papel à hauteur des deux précédentes. Reste à voir si la saison 4 tirera au maximum le potentiel d’un tel affrontement. Après tout, comme le dit Tokyo, « Maintenant, c’est la guerre ».
